Particip-Arc : entretien avec Alexandra Villarroel

«La principale spécificité de notre réseau de 120 membres est l'échange d’expériences qui permet la montée en compétences collective»

Dans cet entretien que la Coordinatrice de Particip-Arc a accordé au Culture Media Lab, elle revient sur les origines du réseau, ses développements récents et trace les enjeux de la journée organisée le 16 novembre à l’auditorium de la Grande Galerie de l’Evolution, autour des jeunes chercheurs et chercheuses.

Culture Media Lab : Qu’est-ce que Particip-Arc ?

Alexandra Villarroel : Particip-Arc est un réseau d’acteurs engagés pour les sciences et les recherches participatives dans les domaines de la culture. Le réseau a été créé en 2017 sur impulsion du Ministère de la Culture. Au départ, l’objectif était de faire un état des lieux des démarches de recherche participative dans les domaines de la culture, soit un scope très large en termes de disciplines. Cela regroupe tout le secteur des arts, de la linguistique, de la communication, de l’urbanisme, de l’archéologie, du patrimoine…

En 2019, un premier rapport a été rendu au Ministère de la Culture faisant un état des lieux des acteurs engagés dans cette dynamique et mettant en avant les enjeux importants présents et à venir. Suite à cette première phase, les différentes personnes mobilisées ont souhaité continuer à travailler ensemble. Début 2020, débute ainsi la structuration des activités du réseau, en sus de la formalisation d’une gouvernance. Ces bases établies, plusieurs événements ont pu être organisés, surtout axé autour de séminaires thématiques. Il s’agit, sur des sujets variés, de réunir différentes approches et des témoignages d’expérience. Via des présences communes dans des colloques, le réseau permet aussi de communiquer sur ces recherches culturelles participatives. Je pense par exemple au colloque Science and you, l’hiver dernier.

CML : Quelle est l’ampleur de ce réseau ?

A.V. : Le réseau est présent en France et réunit environ 120 membres. Au début, il regroupait principalement des personnes issues des établissements de recherche. Dès 2020, nous avons élargi à des acteurs comme des structures associatives, des indépendants, des compagnies de théâtre… À titre individuel, des personnes intéressées à participer au réseau le peuvent aussi.

CML : Quels sont les axes de travail principaux du réseau ?

A.V. : La principale spécificité du réseau est vraiment l’échange d’expériences qui permet la montée en compétences collective. Un deuxième enjeu est la visibilité, donner à voir ce que sont les recherches culturelles participatives, puisque ce sont .des projets qui sont peut-être moins connus que des démarches participatives dans d’autres domaines. Enfin, il y a un enjeu de promotion au niveau du Ministère de la Culture et au niveau européen pour renforcer la place de ces projets participatifs dans les politiques de soutien à la recherche.

CML : Sur le site du réseau, on retrouve un annuaire de projets. Ils sont au nombre de 21. Est-ce exhaustif ou représentent-ils une petite partie des projets existants ?

A.V. : C’est un petit échantillon issu des projets portés par les membres du réseau. Pour être membre du réseau, il n’y a pas de modération à l’inscription sur la plateforme et la seule chose qui est demandée est de préciser en quoi le sujet des recherches culturelles participatives fait écho à ses pratiques. Les membres peuvent ensuite alimenter le portail et notamment la partie projets . La mise en ligne des projets est cette fois-ci modérée, afin que les projets présentés soient en cohérence avec ce que nous considérons être le cœur d’un projet de recherche participatif, c’est-à-dire une co-production de connaissance scientifique entre les chercheurs et des non scientifiques professionnels.

CML : Avec le recul qu’a le réseau aujourd’hui, diriez-vous que l’enjeu de proposer une entrée participative sur des projets de recherche tient d’une vision de la recherche, d’une quête d’efficacité générale ou ciblée, ou bien d’un moyen de faire mieux connaitre les recherches ?

A.V. : Avec le recul, il est clair que la participation dans les recherches participatives n’est pas une fin en soi. Il faut que cela corresponde à une problématique de recherche précise. L’intérêt pour un programme de recherche d’avoir un volet participatif, c’est d’aller chercher des informations, des données que l’on ne peut pas obtenir par ailleurs. Et cela, en fonction des projets et des problématiques scientifiques de chaque projet. Cela donne une place différente aux personnes que l’on va mobiliser, à la façon de les mobiliser, et fait varier les protocoles qui sont mis en place.

CML : Quel est votre lien avec le Culture Media Lab ? Quelle est sa place dans le paysage participatif ?

A.V. : Mon lien principal tient à notre relation avec l’action et les recherches de Marta Severo. Les thématiques qui sont portées par le labo sont présentes dans le réseau depuis le début et de façon très active. Le travail réalisé autour des plateformes collaboratives a été une porte d’entrée pour travailler des thématiques en commun. Cette articulation a permis de faire connaître le réseau, notamment via l’ANR Collabora. Même si les approches étaient parfois un peu différentes entre les plateformes participatives étudiées et les programmes de recherche participative , certaines questions méthodologiques se rejoignaient. Toute cette action coordonnée a permis d’enrichir les réflexions et les questionnements suscités au sein du réseau.

CML : Le 16 novembre prochain, dans l’auditorium de la Grande galerie de L’évolution, vous organisez une première journée « jeunes chercheurs et chercheuses » autour des recherches culturelles et participatives. Quelle est la dynamique observable dans ce domaine ?

A.V. : Nous avons reçu 18 réponses de communication, suite à l’appel lancé. Ce n’est pas évident pour de jeunes chercheurs de se positionner sur ce type de recherche. C’est une des choses que l’on souhaiterait interroger, la difficulté, notamment quand on est en doctorat à mettre en place des démarches de recherche participative. Celles-ci demandent en effet une co-construction des problématiques avec différents partenaires, ce qui n’est pas aisé lorsqu’on doit proposer un sujet de thèse déjà défini, pour obtenir un financement par exemple. L’idée est aussi de se demander collectivement comment aider des doctorants à se positionner sur ce type de démarche et obtenir des cadres qu’ils soient un peu plus flexibles, et propices à la participation.

CML : Quel est l’objectif de cette journée ? Qu’allez-vous mettre en avant ?

A.V. : L’objectif est aussi de faire connaître le réseau dans cette communauté de jeunes chercheurs. Sur les thématiques proposées, nous sommes restés larges, pour ne pas exclure des recherches en cours. Sur les réponses reçues, nous avons réussi à toucher différents domaines, ce qui est déjà une première réussite. Cela reflète bien l’ambition de Particip-Arc de ne pas se cantonner à une discipline mais plutôt de favoriser des approches transversales ayant pour point de convergence cette méthodologie de recherche.

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Le réseau Particip-Arc organise une journée jeunes chercheur.es le 16 novembre à l’auditorium de la Grande Galerie de l’Evolution.

Les travaux des doctorants et post-doctorants seront présentés au travers de trois axes: 1/ Le(s) périmètre(s) de la recherche culturelle participative; 2/ Méthodologie et outils pour la participation; 3/ Peut-on institutionnaliser la participation

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