La Contemporaine — Entretien avec Salomé Kintz

«Dans le cadre de notre partenariat, je considère les étudiants comme de jeunes professionnels. Leur contribution est précieuse pour notre institution.»

Dans cet entretien que Salomé Kintz a accordé au Culture Media Lab, elle revient sur le partenariat qui lie l’institution aux cursus d’Info-Com de Nanterre, aux projets menés ensemble et à ce qu’ils apportent tant aux étudiants qu’à la communication et aux contenus proposés par la Contemporaine.

CML : Pouvez-vous présenter la Contemporaine ?

SK : La Contemporaine est une institution un peu particulière, à la fois bibliothèque, musée et centre d’archives, spécialisée dans l’histoire des 20ᵉ et XXIᵉ siècle. C’est une institution centenaire qui a été créée au moment de la Première Guerre mondiale avec, dès le départ, l’idée de collecter tous les types de documents sur l’histoire en train de se faire. Nous avons des collections très importantes, autour de 4 millions et demi de documents. Cela comprend aussi bien des livres que de la presse, des affiches, des photographies, des objets et des peintures, des archives privées également. Et tout cela dans une perspective internationale. Ici, je m’occupe de l’information et de l’action culturelle, depuis septembre depuis 2022. Je suis arrivée en 2019 pour d’abord m’occuper de la communication. C’est dans le cadre de ces deux fonctions que j’ai été amenée à travailler avec les étudiants de licence et de master du département Info-Com de Nanterre.

CML : En quoi consiste ce partenariat ?

SK : Il comprend plusieurs activités. Chaque année, nous formons les étudiants en Master dans le cadre d’un projet spécifique. L’idée est de se diriger ensemble vers une réalisation concrète, qui nous soit utile à nous, comme à eux. Une année, par exemple, nous leur avons demandé de réaliser un webdocumentaire pour présenter La Contemporaine. Une autre, ils ont développé des éléments de communication à l’intention des scolaires et des enseignants du secondaire, une offre que nous commençons tout juste à développer. Cette année, nous allons d’ailleurs nous appuyer sur le travail des étudiants pour notre communication vers le secondaire. Pour nous, leur travail a été précieux. Cette année, le projet que nous souhaiterions développer serait à nouveau tourné vers le secondaire, autour de la création de kits ou valises de médiation pédagogique.

CML : Qu’est-ce que vous appelez valises de médiation pédagogique ?

SK : Ce sont des ensembles de documents et objets pédagogiques qui permettent aux enseignants de pouvoir organiser des formations, le tout, clé en main, hors les murs ou ici, à la Contemporaine. Ces supports, en lien avec nos collections peuvent aussi être numériques. Imaginons, par exemple, un kit permettant d’organiser un atelier complet sur les combats féministes, ou la guerre d’Algérie, en lien avec les programmes du secondaire.

CML : Avec les étudiants et étudiantes de licences, quel travail développez-vous ?

SK : Tout d’abord, nous leur présentons La Contemporaine et ses collections patrimoniales. Ils visitent les lieux, les espaces d’exposition et les premières séances portent sur l’histoire des archives et la conception des archives. Ensuite, il peut y avoir des séances de travail axées plus spécifiquement autour d’un fonds d’archives. Par exemple, nous avons travaillé sur les affiches de Mai 68 ou la Russie de 1917 ainsi que sur les modalités de communication à destination de publics différents. Cette année, nous leur proposons de travailler autour du boycott de la Coupe du monde en Argentine de 78. L’idée serait de développer à la fois un jeu lycéen ou un fil Twitter tout public ou des affiches à destination des primaires pour raconter cette histoire et ses enjeux.

CML : On imagine facilement quel est l’apport pour les étudiants de travailler avec une institution comme la vôtre. Mais pour vous, dans votre pratique professionnelle et en tant qu’institution, qu’est-ce que ce partenariat vous apporte ?

SK : Beaucoup de choses. De mon point de vue, en tant que bibliothécaire, c’est vraiment très intéressant de travailler avec de jeunes professionnels, comme le sont les Master 2. Ils sont déjà opérationnels et leur manière d’aborder les sujets permet de déceler de nouvelles problématiques. L’avantage aussi, c’est que leur génération est au fait de toutes les nouveautés concernant la pratique des réseaux sociaux, les nouveaux modes de communication et cela nous enrichit assurément d’un regard extérieur. Grâce à eux, on peut se rendre compte que, peut-être, telle ou telle offre n’est pas très claire, méconnue, pas assez valorisée. Ils permettent de prendre conscience des manques et nous aident à mettre en avant les événements proposés par l’institution.

CML : Quels sont alors ces prochains événements et prochaines expositions pour la Contemporaine ?

SK : Cette année, c’est le graphisme politique qui sera mis à l’honneur, avec à partir du 16 novembre, la prochaine exposition temporaire, « A l’affiche ! Claude Baillargeon ». Baillargeon était un graphiste indépendant, très actif dans les années 1970 à1990, proche du PS et du secteur associatif. Le projet fait suite à une importante donation à La contemporaine d’un ensemble d’affiches, de maquettes, de matériaux photographiques et d’archives qui permettent de documenter son travail. Autour de l’exposition, c’est toute une « saison graphique » que propose La contemporaine, avec des rendez-vous réguliers, conférences, projections… Dès le 6 octobre, on vous propose ainsi d’écouter Charlotte Gould, professeure de civilisation britannique à Nanterre, nous parler des affiches du collectif londonien féministe See Red Women’s Workshop.

N’hésitez pas non plus à venir découvrir notre parcours d’exposition permanent, l’Atelier de l’histoire, un musée d’université qui s’intéresse à la source et à la manière dont s’écrit l’histoire du temps présent. Le groupe de Master 2 de l’an dernier s’est d’ailleurs penché avec beaucoup d’enthousiasme sur la valorisation de ce parcours auprès des étudiants comme du grand public…

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La Contemporaine est située au 184, cours Nicole Dreyfus à Nanterre. Elle se trouve à l’entrée du campus de l’Université Paris Nanterre.Pour y venir en transports publics, prendre le RER A ou Ligne L au départ de la Gare Saint-Lazare, Gare de Nanterre Université.