CML : Pouvez-vous vous présenter ?
RDM : Je m’appelle Robin De Mourat et je travaille au médialab de Sciences Po, un laboratoire de recherche interdisciplinaire qui s’intéresse aux relations entre la société et les technologies numériques. Il décline cette thématique en plusieurs axes, dont l’un d’eux porte sur l’introduction de méthodes participatives dans la conduite des enquêtes. Cette thématique s’ancre particulièrement dans l’une des disciplines du médialab : le design. Mon rôle, en tant que designer de recherche, consiste à contribuer à des projets de recherche variés en mettant parfois en œuvre des méthodes qui relèvent de la participation des personnes concernées.
Le projet qui est mené en ce moment avec l’Institut universitaire de France, le médialab de Sciences Po, le DICEN-IdF et l’Université Paris Nanterre s’intitule Trajectoires d’implication.
CML : Qu’est-ce que c’est une trajectoire d’implication ?
RDM : L’expression trajectoire d’implication désigne un processus de recherche qui conduit à faire se rencontrer des mondes qui seraient, sinon, restés distants les uns des autres. Ces mondes pourraient sommairement être saisis comme d’un côté celui de la recherche universitaire, et de l’autre, celui des acteurs divers et variés qui sont concernés par les questions d’une recherche universitaire. Une trajectoire d’implication va conduire ces mondes à dialoguer dans une dynamique qui n’est pas unidirectionnelle, mais réciproque, dans le sens où il va s’agir pour les personnes du monde « universitaire » de s’impliquer dans les préoccupations et les activités qui animent leurs « enquêté.es » (comme on dit parfois en sciences sociales), et de l’autre côté, pour les personnes qui sont les « enquêtées », de s’impliquer dans des activités de recherche. Ce mouvement suppose donc une prise de connaissance et un engagement mutuels qui se nouent dans les productions communes et les événements qui permettent aux recherches de se développer.
CML : Quelle est l’origine de ce projet et quelles sont les caractéristiques communes que l’on constate, à premier abord, quand on tente de cerner ces trajectoires d’implication ?
RDM : C’est un projet qui a été proposé par Marta Severo, dans la continuation d’une recherche précédente qu’elle menait depuis un moment. La proposition de Marta Severo a rencontré le désir, au sein du médialab de Sciences Po, de davantage faire collectif avec des personnes qui mettent en œuvre des démarches et des positionnements similaires aux nôtres. Nous souhaitons donc créer une forme d’interconnaissance entre les différents collectifs qui mettent en œuvre des trajectoires d’implication (en France, en Europe, mais aussi sur d’autres continents), puis dans un second temps documenter et analyser ces diverses démarches pour en dégager les similitudes mais aussi les différences et les spécificités. Du point de vue des caractéristiques communes, le travail est toujours en cours et il est donc difficile de répondre, mais on peut d’ores et déjà souligner la place centrale des productions matérielles dans les trajectoires qui permettent de mettre en œuvre les processus d’implication réciproque qui nous intéressent.
CML : Quels sont les résultats attendus de ce travail ? Une forme réseau ?
RDM : Ce que l’on peut attendre aujourd’hui de ce travail, conduit sur la base d’une série d’entretiens menés par Alex Pellier, c’est la production d’un ensemble de documents graphiques que nous espérons aptes à représenter les différentes trajectoires d’implications que nous documentons dans le cadre de cette recherche. Ces diagrammes vont à la fois faire office de premiers résultats, en donnant à voir les points communs et les différences que nous avons repérées entre les diverses trajectoires que nous avons étudiées, et servir de support de discussion avec les acteurs qui seront invités à les commenter, les amender et les comparer. Ces productions graphiques soutiendront donc la discussion entre nous et les porteurs de projets de recherche identifiés dans le cadre de cet inventaire, mais aussi entre les porteurs entre eux.
CML : Vous avez lancé un appel à contribution. Quel est son cadre et à qui s’adresse-t-il ?
RDM : Le travail d’inventaire et d’analyse réalisé pour Trajectoires d’implication vise à faire collectif autour de manières d’aborder la recherche. Pour constituer ce collectif, nous utilisons à ce jour trois modes de mise en relation et de découverte : nos connaissances directes, les recommandations des personnes que nous avons interviewées, et enfin une modalité beaucoup plus ouverte, celle de l’appel à la contribution qui nous pourrait nous permettre de découvrir et rencontrer des acteurs inattendus.
CML : Un événement de rendu aura lieu le 15 septembre 2023. Pouvez-vous nous donner un aperçu de ce qui s’y jouera ?
RDM : Il s’agira d’un temps d’échange et dédié à la mise en relation entre les acteurs que nous avons rencontrés, et à l’émergence d’une discussion collective à partir de nos propositions graphiques de modélisation des différentes trajectoires d’implication. Les participant.es auront l’occasion à la fois de partager leurs recherches et de réagir aux propositions de représentation que nous aurons faites. Au-delà de la simple mise en relation et du partage des expériences, il s’agira d’ouvrir une réflexion collective à propos des problématiques communes rencontrées et de la diversité qui existe entre ces démarches suivant les disciplines concernées, les questions de recherche et les contextes – notamment géographiques – dans lesquels se déroulent les recherches. Cela nous mènera peut-être également à des développements et collaborations futures.
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Consulter le programme de la journée du 15 septembre.
Cette rencontre réunira des acteurs académiques et non académiques qui ont développé des trajectoires d’implication dans leur recherche en SHS.
La matinée est ouverte au public dans la limite des places disponibles. Inscriptions à