Dans cet entretien que la cheffe de projet Innovation collaborative au Carrefour numérique² a accordé au Culture Media Lab, elle présente son organisation et anticipe les enjeux de la journée du 6 juillet que le Carrefour numérique² accueille autour de l’ANR Collabora et des pratiques participatives.
Pouvez-vous présenter le Carrefour numérique² ?
Le Carrefour numérique² est un espace situé au sein de la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris. C’est un espace collaboratif, en accès gratuit, pour tous les publics qui est dédié à la culture numérique. Nous bénéficions d’un espace de 1200 mètres carrés, ce qui nous permet de proposer un lieu de rencontre et de collaboration. Nous sommes équipés notamment de deux laboratoires, un FabLab et un Living Lab.
Notre objectif, c’est de permettre l’appropriation des enjeux liés à la culture numérique. La spécificité de notre approche est d’avoir une pédagogie axée sur le faire et le faire-ensemble. Nous n’avons pas une démarche qui est descendante mais beaucoup plus horizontale. On a aussi comme objectif de porter et médiatiser l’innovation tout en essayant au maximum de diversifier nos publics et de favoriser les coopérations avec la société civile. Nous accueillions diverses catégories de publics : des jeunes adultes, des familles, des passionnés constituant des communautés comme les Makers, qui vont utiliser le FabLab, mais aussi des collectifs de designers, des collectifs de citoyens engagés autour des logiciels libres. Nous accompagnons aussi, des entrepreneurs, des collaborateurs de la Cité ainsi que des équipes de recherche. Par exemple, en ce moment nous accueillions en résidence une équipe de recherche pour un projet de recherche participative sur les IA et leurs controverses.
Quel est votre parcours au sein de Carrefour numérique² ?
Cela fait maintenant 17 ans que je travaille au Carrefour numérique². J’y ai débuté en tant que médiatrice numérique. À l’époque, les enjeux et les méthodes étaient autres. Nous nous concentrions sur la réduction de la fracture numérique. Je m’occupe désormais des activités en lien avec l’innovation, ouverte et participative.
Le 6 juillet, un événement est organisé avec le DICEN-IdF et le Dôme ? Pourquoi l’accueillir et le co-organiser ?
Si nous nous sommes associés à l’organisation, c’est d’abord pour le thème : la contribution numérique. C’est aussi avec ce souhait, de la part de Marta Severo, et du DICEN-IdF, d’ouvrir à la société civile et aux professionnels. Et nous, en tant que lieu et institution culturelle, recherchons aussi cette ouverture et cette collaboration entre les parties prenantes sur des problématiques liées la culture numérique. C’était donc une évidence. Nous aurons l’occasion d’y montrer nos savoirs faire mais aussi nos espaces adaptés pour un forum qui, encore autrement qu’un colloque scientifique, est un temps de partage de connaissances, d’échanges et éventuellement de mutualisation. C’est une véritable journée de travail.
Un des objectifs de cette journée, c’est de viser à mieux comprendre les contributeurs des plateformes numériques. Pourquoi est-ce un enjeu important ? Et en quoi est-ce que cet événement peut amener à comprendre, à soutenir cette démarche de contribution à laquelle on assiste et qui est promue par certains acteurs sur Internet ?
Je pense que c’est extrêmement important de se poser la question de la contribution, de la mobilisation, parce que l’on peut parfois mettre en place des plateformes qui appellent à la participation d’utilisateurs ou de communautés, et se retrouver avec des projets ou des plateformes qui ne trouvent pas leur public. On se retrouve alors avec des coquilles vides. Ce travail est indispensable pour identifier les leviers, les facteurs qui permettent de créer des projets collaboratifs qui durent. D’autant que la plupart de ces sites ne reposent pas sur la rémunération des contributeurs. Pour ceux qui s’engagent dans ce type de démarche, avoir connaissance des facteurs de réussite et d’échec et pouvoir aussi partager leurs retours d’expérience, c’est très positif.
Un des enjeux qui sera discuté, c’est la question des données, notamment leur cadre légal, éthique et technique. Est-ce que dans cette journée, on pourra, pour les acteurs concernés, recevoir des recommandations, assister à des présentations qui permettront de réfléchir aux licences à choisir, au format à adopter et en général à une réflexion autour de cet enjeu très important en ligne et pour les questions démocratiques ?
Un appel à contribution a été lancé depuis quelques semaines. Il est prévu de mettre en avant des témoignages avant chaque atelier, à propos de la question des données. Et de permettre des apports de connaissance sur des points très précis. Mais il est évident qu’en une seule journée, on ne pourra pas explorer l’ensemble de la thématique des données et du cadre légal.
Concernant le contenu, nous nous intéresserons fortement à l’échange de pratiques et à la mutualisation. Personne ne se retrouvera dans une position passive : on va écouter, mais chacun va aussi être en mesure de contribuer à cette journée. Nous comptons aussi sur la forte participation de chercheurs aussi qui, notamment avec l’observatoire des plateformes collaboratives, ont une expertise sur le sujet, notamment le DICEN-IdF.
Cet événement, c’est aussi la clôture de l’ANR Collabora. Quel regard portez-vous sur ce projet ?
Un des points saillants pour moi, est que l’équipe de recherche ait souhaité cette ouverture vers la société civile. Ils étudient les plateformes contributives culturelles mais les résultats, le plus souvent restent dans la communauté des chercheurs. J’ai senti cette véritable envie d’ouverture et de lien entre la recherche, les professionnels, les professionnels de la culture, les institutions et les contributeurs internautes, des citoyens actifs. Si ce forum fonctionne bien, il ouvrira de nouvelles perspectives dans le domaine de l’innovation participative et des plateformes contributives.
Lien
La fiche-projet de l’ANR Collabora peut être consultée ici.
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